La Rencontre Entre Frederic Et Mme Arnoux

la rencontre entre frederic et mme arnoux

Marthe Robert, Roman des origines et origines du roman, Gallimard, 1971. Des cheminées du château, il séchappait dénormes tourbillons de fumée noire, qui emportaient des étincelles. La sonnerie des cloches faisait, au loin, comme des bêlements effarés. De droite et de gauche, partout, les vainqueurs déchargeaient leurs armes. Frédéric, bien quil ne fût pas guerrier, sentit bondir son sang gaulois. Le magnétisme des foules enthousiastes lavait pris. Il humait voluptueusement lair orageux, plein des senteurs de la poudre ; et cependant il frissonnait sous les effluves dun immense amour, dun attendrissement suprême et universel, comme si le cœur de lhumanité tout entière avait battu dans sa poitrine. Ils sortirent. Elle se pencha sur la rampe pour les voir encore ; et un rire aigu, déchirant, tomba sur eux, du haut de lescalier. Frédéric poussa Rosanette dans le fiacre, se mit en face delle, et, pendant toute la route, ne prononça pas un mot. la rencontre entre frederic et mme arnoux Ils revoyaient la cour du collège, la chapelle, le parloir, la salle darmes au bas de lescalier, des figures de pions et délèves, un nommé Angelmarre, de Versailles, qui se taillait des sous-pieds dans de vieilles bottes, M. Mirbal et ses favoris rouges, les deux professeurs de dessin linéaire et de grand dessin, Varaud et Suriret, toujours en dispute, et le Polonais, le compatriote de Copernic, avec son système planétaire en carton, astronome ambulant dont on avait payé la séance par un repas au réfectoire, puis une terrible ribote en promenade, leurs premières pipes fumées, les distributions des prix, la joie des vacances. Bonjour êtes-vous sûr que cest une focalisation interne et pas une focalisation zéro? il la regarde plus loin, il fit plusieurs tours la rencontre entre frederic et mme arnoux Mais ça dépend de lexécution? cria Pellerin. Je peux faire des chefs-dœuvre! Voir à ce propos, le Voyage en Orient de Flaubert, Œuvres complètes, t ; 2, Gallimard, La Pléiade, p 602. Malgré leur fraternité! ajouta spirituellement le père Roque. Il entra dans le boudoir, capitonné de soie bleu pâle avec des bouquets de fleurs des champs, tandis quau plafond, dans un cercle de bois doré, des Amours, émergeant dun ciel dazur, batifolaient sur des nuages en forme dédredon. Ces élégances, qui seraient aujourdhui des misères pour les pareilles de Rosanette, léblouirent ; et il admira tout : les volubilis artificiels ornant le contour de la glace, les rideaux de la cheminée, le divan turc, et, dans un renfoncement de la muraille, une manière de tente tapissée de soie rose, avec de la mousseline blanche par-dessus. Des meubles noirs à marqueterie de cuivre garnissaient la chambre à coucher, où se dressait, sur une estrade couverte dune peau de cygne, le grand lit à baldaquin et à plumes dautruche. Des épingles à tête de pierreries fichées dans des pelotes, des bagues traînant sur des plateaux, des médaillons à cercle dor et des coffrets dargent se distinguaient dans lombre, sous la lueur quépanchait une urne de Bohême, suspendue à trois chaînettes. Par une petite porte entrebâillée, on apercevait une serre chaude occupant toute la largeur dune terrasse, et que terminait une volière à lautre bout. Il voulut samuser. Il se rendit aux bals de lOpéra. Ces gaietés tumultueuses le glaçaient dès la porte. Dailleurs, il était retenu par la crainte dun affront pécuniaire, simaginant quun souper avec un domino entraînait à des frais considérables, était une grosse aventure. LE SITE DAIDE A LA DISSERTATION ET AU COMMENTAIRE DE TEXTE EN PHILOSOPHIE Mademoiselle, jai bien lhonneur de vous souhaiter le bonsoir. Comment Dont forget that insults, racism, etc. Are forbidden by Skyrocks General Terms of Use and that you can be identified by your IP address 180.183.225.75 if someone makes a complaint. Europe, numero consacre a LEducation sentimentale, septembre Il voyagea. Il connut la mélancolie des paquebots, les froids réveils sous la tente, létourdissement des paysages et des ruines, lamertume des sympathies interrompues. Il revint. Il fréquenta le monde, et il eut dautres amours encore. Mais le souvenir continuel du premier les lui rendait insipides ; et puis la véhémence du désir, la fleur même de la sensation était perdue. Ses ambitions desprit avaient également diminué. Des années passèrent ; et il supportait le désoeuvrement de son intelligence et linertie de son coeur. Vers la fin de mars 1867, à la nuit tombante, comme il était seul dans son cabinet, une femme entre.-Madame Arnoux!-Frédéric! Elle le saisit par les mains, lattira doucement vers la fenêtre, et elle le considérait tout en répétant :-Cest lui! Cest donc lui! Dans la pénombre du crépuscule, il napercevait que ses yeux sous la voilette de dentelle noire qui masquait sa figure. Quand elle eut déposé au bord de la cheminée un petit portefeuille de velours grenat, elle sassit. Tous deux restèrent sans pouvoir parler, se souriant lun à lautre. Enfin, il lui adressa quantité de questions sur elle et son mari. Ils habitaient le fond de la Bretagne, pour vivre économiquement et payer leurs dettes. Arnoux, presque toujours malade, semblait un vieillard maintenant. Sa fille était mariée à Bordeaux, et son fils en garnison à Mostaganem. Puis elle releva la tête :-Mais je vous revois! Je suis heureuse! Il ne manqua pas de lui dire quà la nouvelle de leur catastrophe, il était accouru chez eux.-Je le savais!-Comment? Elle lavait aperçu dans la cour, et sétait cachée.-Pourquoi? Alors, dune voix tremblante, et avec de longs intervalles entre ses mots :-Javais peur! Oui.. Peur de vous.. De moi! Cette révélation lui donna comme un saisissement de volupté. Son coeur battait à grands coups. Elle reprit :-Excusez-moi de nêtre pas venue plus tôt et désignant le petit portefeuille grenat couvert de palmes dor : Je lai brodé à votre intention, tout exprès. Il contient cette somme, dont les terrains de Belleville devaient répondre. Frédéric la remercia du cadeau, tout en la blâmant de sêtre dérangée.-Non! Ce nest pas pour cela que je suis venue! Je tenais à cette visite, puis je men retournerais. Là-bas. Et elle lui parla de lendroit quelle habitait. Cétait une maison basse, à un seul étage, avec un jardin rempli de buis énormes et une double avenue de châtaigniers montant jusquau haut de la colline, doù lon découvre la mer.-Je vais masseoir là, sur un banc, que jai appelé : le banc Frédéric. Puis elle se mit à regarder les meubles, les bibelots, les cadres, avidement, pour les emporter dans sa mémoire. Le portrait de la Maréchale était à demi caché par un rideau. Mais les ors et les blancs, qui se détachaient au milieu des ténèbres, lattirèrent.-Je connais cette femme, il me semble?-Impossible! dit Frédéric. Cest une vieille peinture italienne. Elle avoua quelle désirait faire un tour à son bras, dans les rues. Ils sortirent. La lueur des boutiques éclairait, par intervalles, son profil pâle ; puis lombre lenveloppait de nouveau ; et, au milieu des voitures, de la foule et du bruit, ils allaient sans se distraire deux mêmes, sans rien entendre, comme ceux qui marchent ensemble dans la campagne, sur un lit de feuilles mortes. Ils se racontèrent leurs anciens jours, les dîners du temps de lArt industriel, les manies dArnoux, sa façon de tirer les pointes de son faux col, décraser du cosmétique sur ses moustaches, dautres choses plus intimes et plus profondes. Quel ravissement il avait eu la première fois en lentendant chanter! Comme elle était belle, le jour de sa fête, à Saint-Cloud! Il lui rappela le petit jardin dAuteuil, des soirs au théâtre, une rencontre sur le boulevard, danciens domestiques, sa négresse. Elle sétonnait de sa mémoire. Cependant, elle lui dit :-Quelquefois, vos paroles me reviennent comme un écho lointain, comme le son dune cloche apporté par le vent ; et il me semble que vous êtes là, quand je lis des passages damour, dans les livres.-Tout ce quon y blâme dexagéré, vous me lavez fait ressentir, dit Frédéric. Je comprends les Werther que ne dégoûtent pas les tartines de Charlotte.-Pauvre cher ami! Elle soupira ; et après un long silence :-Nimporte, nous nous serons bien aimés.-Sans nous appartenir, pourtant!-Cela vaut peut-être mieux, reprit-elle.-Non! non! Quel bonheur nous aurions eu!-Oh! je le crois, avec un amour comme le vôtre! Et il devait être bien fort pour durer après une séparation si longue! Frédéric lui demanda comment elle lavait découvert.-Cest un soir que vous mavez baisé le poignet entre le gant et la manchette. Je me suis dit : Mais il maime.. Il maime! Javais peur de men assurer, cependant. Votre réserve était si charmante, que jen jouissais comme dun hommage involontaire et continu. Il ne regretta rien. Ses souffrances dautrefois étaient payées. Quand ils rentrèrent, Mme Arnoux ôta son chapeau. La lampe, posée sur une console, éclaira ses cheveux blancs. Ce fut comme un heurt en pleine poitrine. Pour lui cacher cette déception, il se posa à terre à ses genoux, et, prenant ses mains, se mit à lui dire des tendresses.-Votre personne, vos moindres mouvements, me semblaient avoir dans le monde une importance extra-humaine. Mon coeur, comme de la poussière, se soulevait derrière vos pas. Vous me faisiez leffet dun clair de lune par une nuit dété, quand tout est parfums, ombres douces, blancheurs, infini ; et les délices de la chair et de lâme étaient contenus pour moi dans votre nom que je me répétais, en tâchant de le baiser sur mes lèvres. Je nimaginais rien au delà. Cétait Mme Arnoux telle que vous étiez, avec ses deux enfants, tendre, sérieuse, belle à éblouir, et si bonne! Cette image-là effaçait toutes les autres. Est-ce que jy pensais, seulement! puisque javais toujours au fond de moi-même la musique de votre voix et la splendeur de vos yeux! Elle acceptait avec ravissement cette adoration pour la femme quelle nétait plus. Frédéric, se grisant par ses paroles, arrivait à croire ce quil disait. Mme Arnoux, le dos tourné à la lumière, se penchait vers lui. Il sentait sur son front la caresse de son haleine, à travers ses vêtements le contact indécis de tout son corps. Leurs mains se serrèrent ; la pointe de sa bottine savançait un peu sous sa robe, et il lui dit, presque défaillant :-La vue de votre pied me trouble. Un mouvement de pudeur la fit se lever. Puis, immobile, et avec lintonation singulière des somnambules :-A mon âge! lui! Frédéric!.. Aucune na jamais été aimée comme moi! Non, non, à quoi sert dêtre jeune? Je men moque bien! je les méprise, toutes celles qui viennent ici!-Oh! il nen vient guère, reprit-il complaisamment. Son visage sépanouit, et elle voulut savoir sil se marierait. Il jura que non.-Bien sûr? Pourquoi?-A cause de vous, dit Frédéric, en la serrant dans ses bras. Elle y restait, la taille en arrière, la bouche entrouverte, les yeux levés. Tout à coup, elle le repoussa avec un air de désespoir ; et, comme il la suppliait de lui répondre, elle dit en baissant la tête :-Jaurais voulu vous rendre heureux. Frédéric soupçonna Mme Arnoux dêtre venue pour soffrir ; et il était repris par une convoitise plus forte que jamais, furieuse, enragée. Cependant, il sentait quelque chose dinexprimable, une répulsion, et comme leffroi dun inceste. Une autre crainte larrêta, celle den avoir dégoût plus tard. Dailleurs, quel embarras ce serait!-et tout à la fois par prudence et pour ne pas dégrader son idéal, il tourna sur ses talons et se mit à faire une cigarette. Elle le contemplait, tout émerveillée :-Comme vous êtes délicat! Il ny a que vous! Il ny a que vous! Onze heures sonnèrent.-Déjà! dit-elle ; au quart, je men irai. Elle se rassit ; mais elle observait la pendule, et il continuait à marcher en fumant. Tous les deux ne trouvaient plus rien à se dire. Il y a un moment, dans les séparations, où la personne aimée nest déjà plus avec nous. Enfin, laiguille ayant dépassé les vingt-cinq minutes, elle prit son chapeau par les brides, lentement.-Adieu, mon ami, mon cher ami! Je ne vous reverrai jamais! Cétait ma dernière démarche de femme. Mon âme ne vous quittera pas. Que toutes les bénédictions du ciel soient sur vous! Et elle le baisa comme une mère. Mais elle parut chercher quelque chose, et lui demanda des ciseaux. Elle défit son peigne ; tous ses cheveux blancs tombèrent. Elle sen coupa, brutalement, à la racine, une longue mèche.-Gardez-les! adieu! Quand elle fut sortie, Frédéric ouvrit sa fenêtre. Mme Arnoux, sur le trottoir, fit signe davancer à un fiacre qui passait. Elle monta dedans. La voiture disparut. Et ce fut tout. la rencontre entre frederic et mme arnoux À la porte du café Anglais, il renvoya la voiture. Rosanette était montée devant lui, pendant quil payait le postillon. On a un regard critique, moqueur sur le personnage sur son masque dassurance, de pugnacité. Le lecteur découvre autrement le personnage au travers de plusieurs passages dans le texte.